...Leonhard Euler
Leonhard Euler
Né le 15 avril 1707 à Bâle et mort le 18 septembre 1783 à Saint-Pétersbourg[1], est un mathématicien et physicien suisse, qui passa la plus grande partie de sa vie en Russie et en Allemagne...
L'anecdote à la cour de Catherine II
Une anecdote rapportée par Dieudonné Thiébault met en scène les croyances religieuses d'Euler. Le philosophe français Denis Diderot, en visite à Saint-Pétersbourg en 1773-1774, avait accepté, à la demande de l'impératrice Catherine II, de voir la preuve de l'existence de Dieu qu'Euler prétendait pouvoir produire. Les deux hommes se rencontrèrent donc et Euler, sur un ton d'une parfaite conviction annonça « Monsieur, e (ipi) +1 = 0 , , donc Dieu existe, répondez ! ». Le désarroi de Diderot, pour qui, (selon l'anecdote) les mathématiques étaient incompréhensibles, provoqua les rires de la cour. Gêné, il demanda à quitter la Russie. Il se peut que l'anecdote soit apocryphe et Thiébault ne prétend pas le contraire. De toute évidence, ce dernier n'était pas présent, ses mémoires sont tardifs et Diderot n'était pas étranger aux mathématiques - comme en atteste la réputation qu'il s'était faite avec ses Mémoires sur différents sujets de mathématiques entre autres.
....Euler à la cour de Frederique II (l'Anecdocte d'un moulin)...Frédéric II exprima sa déception vis-à-vis des capacités d'ingénierie d'Euler :
« Je voulais avoir un jet d'eau dans mon jardin : Euler a calculé la force des roues nécessaire afin d'élever l'eau jusqu'à un réservoir, d'où elle doit redescendre à travers des canaux, pour enfin sortir de la fontaine. Mon moulin a été réalisé géométriquement mais ne peut pas élever une goutte d'eau à moins de cinquante pas du réservoir. Vanité des vanités ! Vanité de la géométrie ! »
Le roi de Prusse voulait agrandir son domaine de Sans-Souci, mais un moulin gênait ses projets. Frédéric II fait convoquer le meunier et lui offre une somme importante pour acquérir le terrain. Celui-ci s'obstine à demeurer dans les lieux, refusant la proposition alléchante du souverain. Une dispute célèbre va opposer le roi au meunier dans les termes suivants rapportés par Andrieu, poète dramatique :..Extrait
"(...) On avait fait des plans, fort beaux sur le papier,
Où le chétif enclos se perdait tout entier.
Il fallait sans cela renoncer à la vue,
Rétrécir les jardins et masquer l’avenue.
Des bâtiments royaux l’ordinaire intendant
Fit venir le meunier, et d’un ton important :
« Il nous faut ton moulin ; que veux-tu qu’on t’en donne ? —
Rien du tout ; car j’entends ne le vendre à personne.
Il vous faut, est fort bon... mon moulin est à moi...
Tout aussi bien, au moins, que la Prusse est au roi. —
Allons, ton dernier mot, bon homme, et prends-y garde. —
Faut-il vous parler clair ? — Oui. — C’est que je le garde :
Voilà mon dernier mot. » Ce refus effronté
Avec un grand scandale au prince est raconté.
Il mande auprès de lui le meunier indocile,
Presse, flatte, promet ; ce fut peine inutile :
Sans-Souci s’obstinait. « Entendez la raison,
Sire, je ne peux pas vous vendre ma maison :
Mon vieux père y mourut, mon fils y vient de naître ;
C’est mon Potsdam, à moi. Je suis tranchant peut-être :
Ne l’êtes-vous jamais ? Tenez, mille ducats,
Au bout de vos discours ne me tenteraient pas.
Il faut vous en passer, je l’ai dit, j’y persiste. »
Les rois malaisément souffrent qu’on leur résiste.
Frédéric, un moment par l’humeur emporté :
« Parbleu, de ton moulin c’est bien être entêté ;
Je suis bon de vouloir t’engager à le vendre !
Sais-tu que sans payer je pourrais bien le prendre ?
Je suis le maître.
— Vous !... de prendre mon moulin ?
Oui, si nous n’avions pas des juges à Berlin. »
Le monarque, à ce mot, revient de son caprice.
Charmé que sous son règne on crût à la justice,
Il rit, et se tournant vers quelques courtisans :
« Ma foi, messieurs, je crois qu’il faut changer nos plans.
Voisin, garde ton bien ; j’aime fort ta réplique. »
Qu’aurait-on fait de mieux dans une république ?
Le plus sûr est pourtant de ne pas s’y fier :
Ce même Frédéric, juste envers un meunier,
Se permit maintes fois telle autre fantaisie :
Témoin ce certain jour qu’il prit la Silésie ;
Qu’à peine sur le trône, avide de lauriers,
Epris du vain renom qui séduit les guerriers,
II mit l’Europe en feu. Ce sont là jeux de prince ;
On respecte un moulin, on vole une province. »
François Andrieux (1759-1833), Le meunier de Sans-Souci, anecdote, wikisource.
Né le 15 avril 1707 à Bâle et mort le 18 septembre 1783 à Saint-Pétersbourg[1], est un mathématicien et physicien suisse, qui passa la plus grande partie de sa vie en Russie et en Allemagne...
L'anecdote à la cour de Catherine II
Une anecdote rapportée par Dieudonné Thiébault met en scène les croyances religieuses d'Euler. Le philosophe français Denis Diderot, en visite à Saint-Pétersbourg en 1773-1774, avait accepté, à la demande de l'impératrice Catherine II, de voir la preuve de l'existence de Dieu qu'Euler prétendait pouvoir produire. Les deux hommes se rencontrèrent donc et Euler, sur un ton d'une parfaite conviction annonça « Monsieur, e (ipi) +1 = 0 , , donc Dieu existe, répondez ! ». Le désarroi de Diderot, pour qui, (selon l'anecdote) les mathématiques étaient incompréhensibles, provoqua les rires de la cour. Gêné, il demanda à quitter la Russie. Il se peut que l'anecdote soit apocryphe et Thiébault ne prétend pas le contraire. De toute évidence, ce dernier n'était pas présent, ses mémoires sont tardifs et Diderot n'était pas étranger aux mathématiques - comme en atteste la réputation qu'il s'était faite avec ses Mémoires sur différents sujets de mathématiques entre autres.
....Euler à la cour de Frederique II (l'Anecdocte d'un moulin)...Frédéric II exprima sa déception vis-à-vis des capacités d'ingénierie d'Euler :
« Je voulais avoir un jet d'eau dans mon jardin : Euler a calculé la force des roues nécessaire afin d'élever l'eau jusqu'à un réservoir, d'où elle doit redescendre à travers des canaux, pour enfin sortir de la fontaine. Mon moulin a été réalisé géométriquement mais ne peut pas élever une goutte d'eau à moins de cinquante pas du réservoir. Vanité des vanités ! Vanité de la géométrie ! »
Et de ce même Frederique II l'histoire retient aussi ceci concernant un autre Moulin...La justice humaine face au despotisme (IX) (Andrieux)
Le Meunier de Sans-Souci ou la limitation du pouvoir absolu.
Le roi de Prusse voulait agrandir son domaine de Sans-Souci, mais un moulin gênait ses projets. Frédéric II fait convoquer le meunier et lui offre une somme importante pour acquérir le terrain. Celui-ci s'obstine à demeurer dans les lieux, refusant la proposition alléchante du souverain. Une dispute célèbre va opposer le roi au meunier dans les termes suivants rapportés par Andrieu, poète dramatique :..Extrait
"(...) On avait fait des plans, fort beaux sur le papier,
Où le chétif enclos se perdait tout entier.
Il fallait sans cela renoncer à la vue,
Rétrécir les jardins et masquer l’avenue.
Des bâtiments royaux l’ordinaire intendant
Fit venir le meunier, et d’un ton important :
« Il nous faut ton moulin ; que veux-tu qu’on t’en donne ? —
Rien du tout ; car j’entends ne le vendre à personne.
Il vous faut, est fort bon... mon moulin est à moi...
Tout aussi bien, au moins, que la Prusse est au roi. —
Allons, ton dernier mot, bon homme, et prends-y garde. —
Faut-il vous parler clair ? — Oui. — C’est que je le garde :
Voilà mon dernier mot. » Ce refus effronté
Avec un grand scandale au prince est raconté.
Il mande auprès de lui le meunier indocile,
Presse, flatte, promet ; ce fut peine inutile :
Sans-Souci s’obstinait. « Entendez la raison,
Sire, je ne peux pas vous vendre ma maison :
Mon vieux père y mourut, mon fils y vient de naître ;
C’est mon Potsdam, à moi. Je suis tranchant peut-être :
Ne l’êtes-vous jamais ? Tenez, mille ducats,
Au bout de vos discours ne me tenteraient pas.
Il faut vous en passer, je l’ai dit, j’y persiste. »
Les rois malaisément souffrent qu’on leur résiste.
Frédéric, un moment par l’humeur emporté :
« Parbleu, de ton moulin c’est bien être entêté ;
Je suis bon de vouloir t’engager à le vendre !
Sais-tu que sans payer je pourrais bien le prendre ?
Je suis le maître.
— Vous !... de prendre mon moulin ?
Oui, si nous n’avions pas des juges à Berlin. »
Le monarque, à ce mot, revient de son caprice.
Charmé que sous son règne on crût à la justice,
Il rit, et se tournant vers quelques courtisans :
« Ma foi, messieurs, je crois qu’il faut changer nos plans.
Voisin, garde ton bien ; j’aime fort ta réplique. »
Qu’aurait-on fait de mieux dans une république ?
Le plus sûr est pourtant de ne pas s’y fier :
Ce même Frédéric, juste envers un meunier,
Se permit maintes fois telle autre fantaisie :
Témoin ce certain jour qu’il prit la Silésie ;
Qu’à peine sur le trône, avide de lauriers,
Epris du vain renom qui séduit les guerriers,
II mit l’Europe en feu. Ce sont là jeux de prince ;
On respecte un moulin, on vole une province. »
François Andrieux (1759-1833), Le meunier de Sans-Souci, anecdote, wikisource.
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